Faillite des régimes ?

En 2002, l’Organisation Mondiale de la Santé a classé l’obésite parmi les 10 premiers facteurs de risque de mortalité, rejoignant ainsi le tabagisme. Nous sommes les témoins de son explosion épidémique, au niveau mondiale. Les raisons en sont multiples, multifactorielles.

Pourquoi parler de facteurs de risque, voire de maladie ?

L’obésité peut être responsable de la survenue du diabète (de type 2) (certains auteurs parlent de « diabésité »), d’hypertension artérielle, de perturbation du métabolisme des graisses sanguines, d’une augmentation de l’acide urique et d’autres facteurs constituant le « syndrome plurimétabolique » (ou encore « syndrome X). C’est sans doute la surcharge graisseuse du foie, réalisant une réelle intoxication de cet organe, et débouchant sur une résistance à l’hormone insuline, qui en responsable.

L’obésité peut être responsable de la survenue du diabète (de type 2) (certains auteurs parlent de « diabésité »), d’hypertension artérielle…

Ceci va se refléter dans la survenue plus fréquente et plus précoce d’infarctus myocardiques, d’accidents cérébraux et d’insuffisance rénale.

D’autres maladies sont plus fréquentes chez les obèses, entre autres calculs de la vésicule biliaire, certains cancers, destruction articulaires des hanches et genoux.

Toutes les obésités sont-elles égales ?

Non : l’obésité « viscérale » (c’est à dire la graisse entourant les organes abdominaux, encore appelées obésité centrale ou androïde, ou encore obésité « pomme ») est la plus dangereuse, par opposition à l’obésité féminoïde, « poire », atteignant préférentiellement les cuisses et fesses des femmes.

Quelles sont les causes de l’obésité ?

Elles sont multiples. L’hérédité intervient le plus souvent, mais exceptionnelles sont les affections où elle est le facteur prédominant : il s’agit alors de rares maladies apparaissant dans la prime enfance, et dans laquelle l’obésité héréditaire n’est que l’une des facettes de la maladie.

De même, des maladies endocrines peuvent s’accompagner d’une forme d’obésité : les autres symptômes et les examens de laboratoire permettent d’en faire le diagnostic.

Habituellement, si la génétique favorise l’obésité, ce n’est que si les conditions de vie sont favorables à son expression. Il est possible que cette génétique permette la survie lors de période de famine : certains scientifiques ont appelé les gènes incriminés « gènes de la survie ».

Comparées au passé, les conditions de vie actuelles dans la partie du monde où nous vivons sont caractérisées surtout par deux faits :

  1. l’accessibilité à la nourriture, souvent trop grasse et/ou sucrée
  2. la diminution importante de l’activité physique.

Mais ce ne sont pas là les seuls facteurs : d’autres paramètres interviennent, caractérisant le comportement global de chaque individu, et que seuls un interrogatoire et une évaluation globale peuvent mettre en évidence.

Peut-on traiter l’obésité ?

Certainement : ce traitement doit prendre en compte non seulement l’excès de poids, mais précisément tous ces paramètres. Il ne suffit pas de prescrire un « régime » : la plupart de nos patients en ont essayé plusieurs, avec des résultats décevants sur le long terme. Tout comme ils ont déjà, pour la plupart d’entre eux, essayé l’une ou l’autre « poudre de perlimpinpin » vantée par une publicité fallacieuse, ou pris des risques avec des « traitements » non validés sérieusement sur le plan scientifique (rappelons ici l’affaire des « poudres chinoises », responsables de cas d’insuffisance rénale et de cancer des voies urinaires).

Il ne suffit pas de se mettre sur la balance : la répartition des tissus adipeux doit être évaluée, le poids doit l’être en fonction de la taille (indice de masse corporelle). Une enquête alimentaire doit être faite, servant de base aux propositions thérapeutiques. On y trouvera non seulement des renseignements sur les aliments ingérés, mais aussi d’autres facteurs importants, comme les conditions dans lesquelles ils le sont.

Le traitement repose sur une prise en charge interdisciplinaire : cette interdisciplinarité en est la pierre angulaire.

A cet effet, notre équipe comporte plusieurs disciplines : diététique, médecine interne/endocrinologie, psychologie, psychiatrie, gastro-entérologie, chirurgie digestive, chirurgie plastique , kinésithérapie.

Au départ, une évaluation la plus précise possible de l’état de santé et des paramètres responsables de l’obésité sera réalisée. Des premières propositions de traitement seront proposées. Si le progrès est insuffisant, l’un ou l’autre médicament pourra être proposé, dans le respect des « bonnes pratiques médicales » adoptées en Belgique et au niveau international. Pour certains patients, la pose d’un ballon intra gastrique ou le choix de la chirurgie bariatrique devra parfois être envisagé, toujours dans le respect des « bonnes pratiques ».

 

DR Maximilien KUTNOWSKI